La tradition etoit en balance sur ces trois dates; mais la malignite humaine a donne la preference a la derniere, ensorte qu’il paroit tres sur que l’Epoux n’arriva que le lendemain.
Quel affront pour un chef
couronne de lauriers!
Tel est pourtant le sort des
plus fameux guerriers;
Ceux d’aujourd’hui
n’en font que rire
Mais ceux du tems passe mettoient
la chose au pis,
Ils n’avoient pas l’esprit
de dire
Nous sommes quitte, et bons
amis.
Pendant que vous etes en train de visiter nos antiquites courcelloises, il me prend envie de vous faire entrer dans notre reduit.
Quoique du titre de chateau,
Pompeusement on le decore,
Ne vous figurez pas qu’il
soit vaste ni beau.
Tel que ces Grands que l’on
honore
Pour les vertus de leurs ayeux
Pour tout merite il n’a
comme eux
Qu’un nom qui se conserve
encore.
Ainsi pour vous en former une juste idee, ne cherchez votre modele ni dans les romans, ni dans les miracles de feerie. Ce n’est pas meme un vieux chateau fort, comme il en existe encore quelques uns dans nos entours.
Point, on n’y voit fosse
ni bastion
Ni demi-lune ni Dongeon,
Ni beaux dehors de structure
nouvelle,
Mais bien une antique Tourelle
Flanquant d’assez, vieux
batimens
Dont elle est l’unique
ornement.
Un Poete de nos cantons a dit assez plaisamment en parlant de ceci.
Sur les bords de la Vesle
est un chateau charmant
N’allez pas chicaner,
Lecteur impertinent)
(Le batiment a part, la Dame
qui l’habite
Par ses rares vertus en fait
tout le merite.
Vous verrez tout-a l’heure
s’il avoit raison.
Je ne m’arreterai point a vous peindre la ferme quoi qu’elle tienne au chateau, ni l’attirail des animaux de toute espece qu’elle renferme.
Ces spectacles vraiment rustiques
Offrent pourtant plus de plaisirs
A des regards philosophiques,
Que ce que l’art et
les desirs
De notre insatiable espece
Inventent tous les jours aides
par la mollesse.
Je vous ferai entrer tout de suite dans une grande cour de gazon ou effectivement je voudrois bien vous voir. Deux manieses de Perrons y conduisent, l’un aux appartemens, l’autre a la cuisine. Commencons par ce dernier quoique ce ne soit pas trop la coutume.
La chaque jour, tant bien
que mal,
On apprete deux fois un repas
tres frugal,
Mais que l’appetit assaisonne.
Loin, bien loin, ces bruyans
festins,
Toujours suivis des medecins
Ou le poison dans cent ragouts
foisonne
Nous aimons mieux peu de mets
bien choisis
De la Sante, moins de plats,
plus de ris.
Voila notre devise, mon cher Papa, je crois qu’elle est aussi la votre; notre rez de chaussee consiste en cuisine, office, salle a manger, chambre et cabinets, rien de tout cela n’est ni elegant ni commode.