Deja dans la plaine
On ressent l’haleine
Du leger Zephir;
Deja la nature
Sourit au plaisir,
La jeune verdure
A l’eclat du jour
Oppose la teinte
Que cherit l’amour
Fuyant la contrainte,
Au pied des ormeaux;
Ma muse naive
Reprend ses pipeaux;
Sur la verte rive
Aux tendres echos
Elle dit ces mots.
Volupte sure
Bien sans pareil!
O doux reveil
De la nature!
Que l’ame pure
Dans nos guerets
Avec yvresse
Voit tes attraits;
De la tendresse
Et de la paix
Les doux bienfaits
Sur toute espece
Vont s’epandant,
Et sont l’aimant
Dont la magie
Enchaine et lie
Tout l’univers
L’homme pervers
Dans sa malice
Ferme son coeur
A ces delices,
Et de l’erreur
Des gouts factices
Fait son bonheur
La noire envie
Fille d’orgueil,
Chaque furie
Jusqu’au circueil,
Tisse sa vie.
Les vains desirs
Les vrais plaisirs
Sont antipodes;
A ces pagodes
Culte se rend,
L’oeil s’y meprend
Et perd de vue
Felicite,
La Deite
La plus courue
La moins connue
Simple reduit
Et solitaire
Jadis construit
Par le mystere
Est aujourd’hui
Sa residencei
La bienveillance.
Au front serein
De la deesse
Est la Pretresse;
Les ris badins
Sont sacristains,
Joyeux fidelles,
De fleurs nouvelles
Offrent les dons.
Tendres chansons
Tribut du Zele,
Jointes au sons
De Philomele,
De son autel
Sont le rituel
Dans son empire
Telle est la loi,
“Aimer et rire
De bonne foy.”
Cet Evangile
Peu difficile
Du vrai bonheur
Seroit auteur
Si pour apotre
Il vous avoit;
En vain tout autre
Le precheroit.
La colonie
Du double mont
Du vraie genie
Vous a fait don,
Sans nul caprice
Entrez en lice,
Et de Passif
Venant actif
Pour la Deesse
Enchanteresse
Qui dans ces lieux
Nous rend heureux
Donnez moi rose
Nouvelle eclose:
Du doux Printems
Hatez le tems
Il etincelle
En vos ecrits,
Qu’il renouvelle
Mes Esprits.
Adieu beau Sire,
Pour ce delire
Le sentiment
Est mon excuse.
S’il vous amuse
Un seul moment,
Et vous rapelle
Un coeur fidelle
Depuis cent ans,
Comme le votre
En tous les tems
N’ai desir autre.
FABLE
Les Aquilons et l’Oranger.