“Ces terrains sont couverts par un si grand nombre de courans, qu’il n’en est aucun ou l’on n’en apercoive, soit dans des ravins, soit entre des montagnes. J’ai observe que la superficie des terrains qui en avoisine les lits, est plus unie aux confluens, ou plusieurs de ces courans se reunissent. Cela vient de ce que l’eminence, qui se trouve au confluent, paroit avoir ete diminuee a la partie ou elle a du former une pointe saillante, a mesure que les eaux l’ont rongee de l’un ou de l’autres cote, en continuant leurs excavation. Ces surfaces planes sont comme par etages, les unes plus hautes que les autres, et se sont insensiblement formees, selon que l’eau s’est plus ou moins arretee a differente hauteur, pendent qu’elle creusoit ces lits. On observe, au contraire, que les bords eleves dans ces courans, n’ont presque point de largeur dans les endroits ou l’eau a pu suivre son cours tres-directement. C’est cependant sur ces bords etroits et escarpees que se trouvent pratiques les chemins par ou l’on passe. Le danger y est tres grand: car a peine un animal peut-il poser le pied. Toutes les fois que le courant fait un detour, la surface des bords a plus de largeur; cependant moins que lorsque plusieurs se reunissent. Un voit facilement pourquoi. L’eau forcee de se detourner, s’eloigne plus de la rive que quand elle va en ligne droite, et ronge ainsi le cote saillant sur lequel elle fait son detour, et qui en devient comme le centre.
“On peut conclure de ce que je viens de dire, a quelle elevation est la partie haute ou montagneuse de l’Amerique, relativement a la partie basse, et qu’il y a des excavations extremement profondes; car elles ont, comme je l’ai deja dit, 1769-2/3 varas perpendiculaires, ou meme d’avantages: cependant elles ont assez de surface pour devenir le local de nombre d’habitations fort peuplees, qui en tirent tous les produits necessaires a la vie. Parmi ces Quebradas, il en est de plus etendues ou de moins profondes que les autres. Or, c’est en ceci que cette partie du monde se distingue de toutes les autres.
“Mais il est indifferent pour mes vues que ces vastes ouvertures soient l’effet des courans d’eau, ou de toute autre cause. Ce que je me propose, est uniquement de montrer qu’elles sont d’autant plus profondes et plus vastes, que ces terrains sont immensement hauts.”
M. Monnet considers the natural operations of water, upon the surface of the earth, as truly forming the shape of that surface; but he draws some very different conclusions from those which I have formed. It is in his Nouveau Voyage Mineralogique, fait dans cette partie du Hainault connue sou le nom de Thierache. Journal de Physique, Aoust 1784.