“Le penchant qui borde ce vallon du cote de l’est n’est creuse que par quelques ravins tres-inclines, dont les eaux se precipitent en ecume et disparoissent, avant d’arriver au bas de la montagne, sous l’ombre des bois et d’une foule d’habitations rustiques: mais le penchant de l’ouest, plus profondement excave par les torrens, presentent les issues de trois autres vallees, dont les deux principales vont prendre leurs origine aux limites de l’Espagne; l’autre, plus voisine de la plaine, est a-peu-pres dirigee de l’est a l’ouest. Elles s’appelle Estrem de Sales, et joint ses eaux a celles du Gave un peu au-dela de l’extremite interieure de ce grand bassin qu’elle a concouru a former. C’est au centre du bassin, aupres du village d’Argeles, que le Gave d’Azun arrive avec fracas, et c’est a son extremite superieure que le Gave de Cautres s’y precipite en sortant d’une gorge dont l’aspect frappe d’etonnement et d’horreur. Le cours de ces deux Gaves est aupres de leur embouchure oblique a celui du Gave principal; mais ils se replient ensuite vers le centre de la chaine et deviennent presque paralleles. Aupres de Luz se decouvre un autre bassin ou se joignent les eaux du Gave a celles du torrent de la Lise, qui n’a creuse qu’un ravin, et a celles du Bastan qui descend d’un vallon tres-evase dans la direction de l’est a l’ouest, ou se trouvent les eaux minerales de Bareges. Ce nouveau bassin n’offre que le spectacles d’une vaste prairie bordee de montagnes prodigieuses. Je n’entreprendrai point de rien ajouter ici touchant ces diverses branches de la vallee du Gave Bearnois; chacune d’elles exigeroit une description detaille, soit a cause de son etendue, soit a cause de la variete de ses phenomenes.
“De Luz a Gavarnie le Gave se trouve de nouveau resserre dans une gorge etroite ou les montagnes paroissent encore s’elever et les abimes s’enfoncer; ses eaux ne coulent plus qu’en cascades bruyantes, et quelquefois le voyageur, qui les voit ecumer sous ses pieds du haut du sentier trace sur la montagne, entend a peine un murmure lointain. On y remarque de nouveau les phenomenes, decrit ci-devant, des pierres feuilletees renversees de leur premiere direction, des bancs entiers courbes et brises dans leur chute, des debris granitiques arrondis par les eaux, deposes a de tres-grandes hauteurs dans le fond des ravins ou le courant n’existe plus, etc.
“A Gedre le Gave recoit les eaux de Heas, lieu devenu celebre et enrichi par la devotion Espagnole. A peine a-t-on passe le torrent, que le granit commence a paroitre. Le Gave roule ses eaux sur cette base qu’il entame difficilement: aussi son lit est-il plus large et la gorge moins profonde: le granit se montre enterre sous de grandes montagnes calcaires. Du cote de l’ouest il est presque toujours recouvert de ces masses qu’on distingue de loin a leur teinte grise et blanchatre melee de sillons d’un rouge peu fonce. A l’est les montagnes calcaires laissent le granit a decouvert,