“L’observation de la correspondance des angles, fut-elle aussi universelle qu’elle l’est peu, ne prouveroit donc autre chose, sinon que les vallees sont nees de la fissure et de l’ecartement des montagnes, ou qu’elles ont ete creusees par les torrens et les rivieres qui y coulent actuellement. On voit un grand nombre de vallees naitre, comme je l’ai fait voir au Bon-Homme, Sec. 767, sur les flancs d’une montagne; on les voit s’elargir et s’approfondir a proportion des eaux qui y coulent; un ruisseau qui sort d’une glacier, ou qui sort d’une prairie, creuse un sillon, petit d’abord, mais qui s’agrandit successivement a mesure que ses eaux grossissent, par la reunion d’autres sources ou d’autres torrens.
“Il n’est meme pas necessaire, pour se convaincre de la verite da ces faits, de gravir sur le Cramont. Il suffit de jeter les yeux sur la premiere carte que l’on trouvera sous la main, des Pyrenees, de l’Apennin, des Alpes, ou de quelqu’autre chaine de montagnes que ce puisse etre. On y verra toutes les vallees indiquees par le cours des rivieres; on verra ces rivieres et les vallees dans lesquelles elles coulent, aboutir par une de leurs extremites au sommet de quelque montagne ou de quelque col eleve. Les replis tortueux d’un grand fleuve, indiqueront une vallee principale, dans laquelle des torrens ou des rivieres qui indiquent d’autres vallees moins considerables, viennent aboutir, sous des angles plus ou moins approchans de l’angle droit. Or ces rivieres qui viennent de droite et de gauche se jeter dans la vallee principale, ne s’accordent pas pour se jeter par paires dans le meme point du fleuve; elles sont comme les branches d’un arbre qui s’implantent alternativement sur son tronc, et par consequent, chaque petite vallee se jette dans la vallee principale vis-a-vis d’une montagne. Et de plus on verra aussi sur les cartes que meme les plus grandes vallees ont presque toutes des etranglemens qui forment des ecluses, des fourches, des defiles.
“Je ne pretends cependant pas que l’erosion des eaux pluviales, des torrens et des rivieres, soit l’unique cause de la formation des vallees: le redressement des couches des montagnes nous force a en admettre une autre, dont je parlerai ailleurs; j’ai voulu seulement prouver, ici que la correspondance des angles, lorsqu’elle a lieu dans les vallees, ne prouve point que ces vallees soient l’ouvrage des courans de la mer.”
The place to which M. de Saussure here remits us is where he afterwards, in describing the Val d’Aoste, makes the following observation.
“(Sec. 960.) Au-dela de Nuz, les montagnes qui bordent au midi la vallee, et dont on voit d’ici tres-bien la structure, sont composees de grandes couches appliquees les unes contre les autres, et terminees par des cimes aigues, escarpees contre le midi, elles tournent ainsi le dos a la vallee, dont la direction est toujours a 10 degres de l’est par nord. Celles de la gauche que nous cotoyons, et qui sont