“On compte trois lieues de ce bourg a l’Hospice, sur le haut du Saint-Bernard; c’est le passage le plus frequente pour communiquer du Bas-Vallais en Italie par le Piemont et la vallee d’Aost; le transport des marchandises ne se fait qu’a dos de mulets et de chevaux; c’est du produit de ces transports que vivent la plupart des habitans qui sont des deux cotes de ce mont; celui des fromages, qui est la principale production de ces hautes Alpes, fait le plus fort article. On ne rencontre sur cette route que des rochers entasses les uns sur les autres, entre lesquels on passe par mille detours, en suivant les petits vallons qu’ils forment. Des torrents des eaux y roulent et s’y precipitent de tous cotes; on voit dans ces bas, de bois de sapins meles de quelques pins et puis des melezes; ils diminuent insensiblement, leurs vegetation est moins vigoureuse, les arbres sont plus rares les derniers qu’on rencontre sont des melezes a une heure de Saint-Pierre. Plus loin, on ne voit plus que des buissons bas et rabougris; au bord de quelque ruisseau ou torrent ce sont des aulnes ou vergnes; le dernier arbrisseau que nous avons vu, entre les melezes et les aulnes, est un sureau sans fruit. Les paturages, l’herbe et le gazon suivent la meme progression. Ce n’est-que dans quelques endroits, d’ou les eaux n’on pas entraine une restant de terre vegetale, qu’il se voit un gazon fin, menu et serre; de petites fleurs, aussi bases que ces gazons, nuancees des plus belles et des plus vives couleurs, y forment des groupes de la plus grande beaute; des mousses non moins curieuses que variees, couvrent et colorent quelques parties de rochers; le reste n’offre a l’oeil que d’enormes masses de rochers, entrecoupes de fentes, de crevasses; des pierres culbutees et amoncelees dans les fonds, qui font en partie couverts de neige.
“A une demie lieue de l’Hospice dans une vallon assez large pour une pareille hauteur, nomme les Envers des Foireuse, on rencontre une enorme quantite de pierre roulees qui remplissent presque tout le haut de ce vallons. Cet amas de pierres provient des glaciers et des hauteurs qui descendent du Mont-Velan, qui est la partie la plus elevee du groupe de montagnes, qui forment le grand Saint Bernard. La sont des neiges et des glaciers de cette partie, fournit aussi la Drance qui va se jetter dans le Rhone au dessous