“Sec. 474. Vis-a-vis de la cascade de l’autre cote de la riviere, on voit un chaine de montagnes extremement elevees, qui presentent leurs escarpemens au dessus de Sallenche, et contre le Mont Blanc. Leurs couches descendent par consequent vers la vallee du Reposoir, situee a leur pied au nord-ouest.
“Mais au pied des escarpemens de cette meme chaine, on voit une rangee de bases montagnes paralleles a sa direction, inclinees en appui contre ses escarpemens et qui descendent en pente douce vers Sallenche; de meme encore une fois qu’au mont Saleve.
“Sec. 475. De la cascade jusques a St Martin, on voit frequemment a sa gauche des couches singulierement contournees, et toujours dans cette espece de pierre calcaire brune que nous suivons depuis si long-tems. Quelques-unes de ces couches forment presqu’un cercle entier, les plus remarquables sont a une demi-lieue de la cascade. Elles representent des arcs dont les convexites se regardent a peu pres comme dans un X; mais avec des plans situes obliquement entre les deux convexites, et des couches planes et horizontales immediatement au-dessus de l’arc de la gauche.
“Ces diverses couches sont si bien suivies dans tous leurs contours, et si singulierement entrelacees que j’ai peine a croire qu’elles ayent ete formees dans une situation horizontale, et qu’ensuite des bouleversemens leur ayent donne ces positions bizarres.
“Deja il faudroit supposer que ces bouleversemens se sont faits dans un tems ou ces couches etoient encore molles et parfaitement flexibles, car on n’y voit rien de rompu, leurs courbures, meme les plus angulaires, sont absolument entieres.
“Ensuite il faudroit, que ces couches, dans cet etat de mollesse, eussent ete froissees et contournees d’une maniere tout-a-fait etrange, et presqu’impossible a expliquer en detail. D’ailleurs des explosions souterraines rompent, dechirent, et ne soulevent pas avec le menagement qu’exigeroit la conservation de continuite de toutes ces parties.
“La crystallization peut seul, a mon avis, rendre raison de ces bizarreries; nous voyons, comme je l’ai deja dit, des albatres formes pour ainsi dire sous nos yeux par de vrayes crystallizations dans les crevasses, et dans les cavernes des montagnes, presenter des couches dans lesquelles on observe des jeux tout aussi singuliers[2].”
[Footnote 2: M. de Saussure would explain the various shape and contortions of strata upon the principles of crystallization; but surely he has not adverted to the distinction of crystallization as an operation giving form or shape, and as giving only solidity or hardness, which last, it is apprehended, is the only sense in which our author here considers crystallization, although, from the way in which he has employed this principle, it would seem that it is the figure which is to be explained by it. This conjecture is supported by the example of alabaster or stalactites, with which he compares the section of those mountains;