Le respect du a la propriete, est l’arme avec laquelle on combat toute proposition que tient a l’affranchissement. J’ai entendu un des hommes de loi les plus eclaires, et dont a tout autre egard les opinions sont liberales, soutenir que “ce serait attenter a la propriete que de declarer libres meme les enfans a naitre des femmes esclaves, parce que, disait-il, les maitres qui out achete ou herite des esclaves, les possedent dans la confiance que leur issue sera leur propriete utile et disponible.”
Ainsi, quand on dit en Virginie “qu’on ne peut y changer le sort de l’esclavage qu’en exportant a-la-fois tous les negres de l’Etat”; on dit a New-Yorck “qu’on ne peut y penser a abolir l’esclage, ni rien faire de preparatoire a cette intention, sans payer a chaque possesseur d’esclaves le prix actuel de la valeur de ses negres jeunes et vieux, et le prix estime de leur descendance supposee.” C’est sans doute opposer a l’abolition de l’esclavage tous les obstacles imaginables, c’est se montrer bien ennemi de cette abolition.
Cependant l’obstacle presente par les citoyens de New-Yorck, est moins difficile a vaincre. En admenttant le principe de la necessite d’un dedommagement donne aux maitres pour les negres a affranchir, et en evaluant chaque negre a cent trente dollars, la somme totale ne serait que de trois millions de dollars.
Ce prix serait encore susceptible de reduction, par le puissant motif d’interet et d’honneur public auquel chaque membre de la societe doit faire des sacrifices.
La question de la propriete des enfans a naitre ne tiendrait pas a un quart-d’heure de discussion, si elle etait agitee devant la legislature; enfin cet affranchissement qui ne devrait etre fait que par degres, couterait a l’Etat des sacrifices moins grands encore, et dont la succession les rendrait presqu’imperceptibles aux finances de l’Etat, qui ne pourraient d’ailleurs avoir un plus saint emploi.
A New-Yorck comme ailleurs, l’affranchissement des negres doit avoir pour but le bonheur de l’Etat, son bon ordre, le bonheur meme des negres qu’on veut affranchir. Un affranchissement trop prompt, trop subitement general, manquerait ces differens buts de premiere necessite. Je ne repeterai pas ici ce que j’ai dit ailleurs a cet egard, et ce que tant d’autres ont dit avant moi. La depense pour l’Etat serait donc reduite a de bien petites sommes, en les comparant avec l’utilite