il faut supposer que l’eau qui est restee entre
ces partie s’est solidifiee; car, qu’est-elle
donc devenue, et quel est donc le lien qui a uni ces
parties et leur a fait prendre une forme reguliere?
Il est vrai qu’on nous parle d’un suc
lapidifique; mais c’est-la un etre de raison,
dont il seroit bien plus difficile d’etablir
l’existence, que de croire a la solidification
de l’eau. On nous donne cependant comme
un principe certain que l’eau charie d’un
lieu a un autre les matieres qu’il a dissoutes,
et qu’elle les depose a la maniere des sels.
Mais c’est supposer une chose dementie par l’experience;
savoir, que l’eau ait la propriete de dissoudre
les matieres terreuses, telles que la quartzeuse.
A la verite, M. Auchard de Berlin y joint de l’air
fixe; mais cet air fixe ne sauroit tenir en dissolution
un atome de quartz dans l’eau; et quelle qu’ait
ete l’exactitude de ceux qui ont repete les
experiences de M. Auchard, on n’a pu reussir
a imiter la nature, c’est-a-dire, a former des
cristaux quartzeux, comme il a annonce. Que l’eau
ait la faculte de tenir en dissolution quelques petites
parties de terre calcaire, au moyen de cet air fixe,
il n’en faut pas conclure qu’elle puisse
former de cette maniere tous les cristaux calcaires,
sans que l’eau elle-meme y concoure pour sa
part; car ce seroit conclure quelque fois que la partie
seroit egale au tout. Voyez ces geodes calcaire
et argileuses, qui renferment des cristaux nombreux
de quartz ou de spath calcaire; ne sont ils que le
resultat du depot de l’eau qui y a ete renfermee,
ou que la cristallization pure et simple des molecules
que vous supposez avoir ete tenues en dissolution par
cette eau? Il naitroit de cette opinion une foule
d’objections qu’il seroit impossible de
resoudre. Cependant M. Guettard, dans la mineralogie
du Dauphine, qui vient de paroitre, ouvrage tres-estimable
a beaucoup d’egards, explique, selon cette maniere
de penser, la formation de cristallizations quartzeuses
qu’on trouve dans certaines geodes de cette
province, et celle des mines de cristal des hautes
montagnes. En supposant meme comme vraie l’explication
qu’il en donne, on trouveroit en cela un des
plus grands probleme, et des plus difficiles a resoudre
qu’il y ait en mineralogie; car d’abord
il faudroit expliquer comment un si petite quantite
d’eau que celle qui a ete renfermee dans les
geodes, et celle qui est parvenue dans les fentes
des rochers, ont pu fournir un si grande quantite
de matiere que celle qui constitue ces cristallisations,
et ce qui n’est pas le moins difficile a concevoir,
comment l’eau a pu charrier cette matiere a travers
tant de matieres differentes, et la conserver precisement
pour cette destination; comment, par exemple, l’eau
est venue deposer de la terre quartzeuse dans les
masses enormes de pierres calcaires, qui forment la
cote qui domine le village de Champigny, a quatre
lieues de Paris, au dela de Saint-maur; car s’il
nous faut citer un exemple frappant de cette singularite,
et a portee d’etre vue des naturalistes qui sont