Madame Copperfield, qui etait entree comme Zephire partit comme Boree. Sa robe de soie faisait un frou-frou prodigieux dans le vestibule. Elle monta dans la voiture au cheval etique, aux coussins moisis, tirant le petit Jonnie avec une violence hysterique.
“Parceque tu n’est pas fils de Marquis on m’outrage,” elle dit, fondant en larmes. “Et pourquoi n’est-tu pas fils de Marquis, petite brute? Moi, je ne sais pas.”
Le petit DOMBEY sautait sur les genoux de sa mere; il la consolait, et quelques instants plus tard mere et fils sucaient emsemble un grand morceau de butter-scotch, pendant que la petite ecervelee considerait le costume qu’elle devait porter le soir au Bal Bullier.
II.—Un GYMNASE A TOUTES les COULEURS.
Madame Copperfield ne se tenait pas pour vaincue sur cette question d’une pension pour le petit. Sa cuisiniere lui soufflait le nom d’un Monsieur SQUEERS qui habitait dans les environs de Clichy, et cette fois c’etait la cuisiniere qui conduisait le petit JONNNIE chez son alumnus; et la cuisiniere ne faisait pas de facons; c’etait a prendre ou a laisser.
Le bon SQUEERS, qui avait habite auparavant le Yorkshire, avait developpe une goutte de sang negre, et s’etait etabli avec la seconde Madame SQUEERS (soeur cadette de la respectable Madame Micawber) dans les environs de Clichy. Malheureusement il n’avait pas oublie son systeme anglais, et quoiqu’il faisait bien des raffinements sur les rudes et franches pratiques de Dotheboys, le systeme etait au fond le meme. Il lui fallait toujours sa victime—son SMIKE. A Dotheboys le SMIKE etait blanc, et s’attachait a Nicholas, le pion; a Clichy le SMIKE etait noir, mais c’etait toujours bien SMIKE, qui entrait dans la pension bien vetu, ses frais payes ponctuellement, et qui tombait bien bas, jusqu’a balayer le plancher, et a servir a table. Et plus tard le SMIKE noir devait mourir accable de cruautes, d’une mort encore plus larmoyante et plus terrible que la douce phthisie du SMIKE blanc. Il est mort dans la seconde maniere de Dickens, plus travaillee, plus tendue que le style jeune et fort de Nickleby.
III.—CE qu’on APPELLE un beau-pere.
Il n’y a pas loin du premier chapitre dans la vie de Jonnie jusqu’a l’entree de MURDSTONE—le MURDSTONE francais, dur, mais poete, ainsi plus frivole que le MURDSTONE anglais. Mais, puisque pour le petit ARRIE tout ce qu’il y a de penible dans l’histoire de son petit cousin anglais doit s’augmenter, le MURDSTONE francais a des traits des NERON et des Caligula. Naturellement le jeune DOMBEY, se souvenant des escapades du cousin, fait son petit voyage d’enfant—une fuite de la pension jusqu’a la maison maternelle ou la petite dame s’est installee en secondes noces avec MURDSTONE D’ARGENTON, le poete. Alors commencent l’education de l’enfant par le beau-pere, les larmes de la mere, le martyre du petit. Que de gifles; que de dictionnaires lances a la tete du chetif bambin!