SCENE DERNIERE.
DORANTE, ARAMINTE, LE COMTE, Mme. ARGANTE.
Mme. ARGANTE, voyant Dorante.
Quoi! le voila encore!
ARAMINTE, froidement.
Oui, ma mere. (Au Comte.) Monsieur le Comte, il etoit question de mariage entre vous et moi, et il n’y faut plus penser. Vous meritez qu’on vous aime; mon coeur n’est point en etat de vous rendre justice, et je ne suis pas d’un rang qui vous convienne.
Mme. ARGANTE.
Quoi donc! que signifie ce discours?
LE COMTE.
Je vous entends,[163] Madame, et, sans l’avoir dit a Madame (montrant madame Argante), je songeois a me retirer. J’ai devine tout: Dorante n’est venu chez vous qu’a cause[164] qu’il vous aimoit; il vous a plu, vous voulez lui faire sa fortune: voila tout ce que vous alliez dire.
ARAMINTE.
Je n’ai rien a ajouter.
Mme. ARGANTE, outree.
La fortune a cet homme-la!
LE COMTE, tristement.
Il n’y a plus que notre discussion, que nous reglerons a l’amiable; j’ai dit que je ne plaiderois point, et je tiendrai parole.
ARAMINTE.
Vous etes bien genereux; envoyez-moi quelqu’un qui en decide, et ce sera assez.
Mme. ARGANTE.
Ah! la belle chute! Ah! ce maudit intendant! Qu’il soit votre mari tant qu’il vous plaira, mais il ne sera jamais mon gendre.
ARAMINTE.
Laissons passer sa colere, et finissons.
(Ils sortent.)
DUBOIS.
Ouf! ma gloire m’accable; je meriterois bien d’appeler cette femme-la ma bru.[165]
ARLEQUIN.
Pardi,[166] nous nous soucions bien de ton tableau a present! L’original nous en fournira bien d’autres copies.
* * * * *
NOTES.
INTRODUCTION.
[1] Larroumet, Marivaux, p. 564.
[2] Palissot, p. 3, quoting evidently from de La Porte, p. 1.
[3] D’Alembert, p. 209.
[4] Fournier, Notice, p. 2.
[5] Larroumet, Marivaux, p. 17, note 3.
[6] Gossot, Marivaux moraliste, p. 11.
[7] “Pierre Carlet de Marivaux naquit a Paris sur la Paroisse de Saint-Gervais en 1688, et non en Auvergne, comme on le trouve ecrit en plusieurs endroits.” De La Porte, p. 1.
[8] De La Porte, p. 1.
[9] Lesbros de la Versane, p. 5.
[10] “M. de Marivaux, a ce qu’on peut juger [note that Palissot draws his own conclusions and does not state a fact], n’avait point fait de bonnes etudes; on pourrait meme soupconner qu’il n’en avait fait aucunes.” Palissot, pp. 4-5.
[11] D’Alembert, Eloge, p. 210.
[12] Marivaux, le Spectateur francais, 7e feuille. OEuvres, tome IX, p. 62.