A Selection from the Comedies of Marivaux eBook

This eBook from the Gutenberg Project consists of approximately 327 pages of information about A Selection from the Comedies of Marivaux.

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Mme. ARGANTE.

Non, Monsieur, je vous suis.  Ma fille, je retiens monsieur le Comte; vous allez venir nous trouver apparemment.[155] Vous n’y songez pas,[156] Araminte, on ne sait que penser.

SCENE IX.

ARAMINTE, DUBOIS.

DUBOIS.

Enfin, Madame, a ce que je vois, vous en voila delivree[157]:  qu’il devienne tout ce qu’il voudra a present, tout le monde a ete temoin de sa folie, et vous n’avez plus rien a craindre de sa douleur; il ne dit mot.  Au reste, je viens seulement de le rencontrer, plus mort que vif, qui traversoit la galerie pour aller chez lui.  Vous auriez trop ri de le voir soupirer; il m’a pourtant fait pitie:  je l’ai vu si defait, si pale et si triste, que j’ai eu peur qu’il ne se trouve mal.

ARAMINTE, qui ne l’a pas regarde jusque-la, et qui a toujours reve, dit d’un ton haut.

Mais qu’on aille donc voir!  Quelqu’un l’a-t-il suivi?  Que ne le secouriez-vous?  Faut-il tuer cet homme?

DUBOIS.

J’y ai pourvu, Madame; j’ai appele Arlequin, qui ne le quittera pas, et je crois d’ailleurs qu’il n’arrivera rien:  voila qui est fini; je ne suis venu que pour vous dire une chose, c’est que je pense qu’il demandera a vous parler, et je ne conseille pas a Madame de le voir davantage:  ce n’est pas la peine.

ARAMINTE, sechement.

Ne vous embarrassez pas, ce sont mes affaires.

DUBOIS.

En un mot, vous en etes quitte, et cela par le moyen de cette lettre qu’on vous a lue, et que mademoiselle Marton a tiree d’Arlequin par mon avis.  Je me suis doute qu’elle pourrait vous etre utile, et c’est une excellente idee que j’ai eue la, n’est-ce pas, Madame?

ARAMINTE, froidement.

Quoi! c’est a vous que j’ai l’obligation de la scene qui vient de se passer?

DUBOIS, librement.

Oui, Madame.

ARAMINTE.

Mechant valet, ne vous presentez plus devant moi.

DUBOIS, comme etonne.

Helas!  Madame, j’ai cru bien faire.

ARAMINTE.

Allez, malheureux!  Il falloit m’obeir; je vous avois dit de ne plus vous en meler:  vous m’avez jetee dans tous les desagrements que je voulois eviter.  C’est vous qui avez repandu tous les soupcons qu’on a eus[158] sur son compte, et ce n’est pas par attachement pour moi que vous m’avez appris qu’il m’aimoit:  ce n’est que par le plaisir de faire du mal.  Il m’importoit peu d’en etre instruite:  c’est un amour que je n’aurois jamais su, et je le trouve bien malheureux d’avoir eu affaire a vous, lui qui a ete votre maitre, qui vous affectionnoit, qui vous a bien traite, qui vient, tout recemment encore, de vous prier a genoux de lui garder le secret.  Vous l’assassinez, vous me trahissez moi-meme:  il faut que vous soyez capable de tout.  Que je ne vous voie jamais, et point de replique.

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