A Selection from the Comedies of Marivaux eBook

This eBook from the Gutenberg Project consists of approximately 327 pages of information about A Selection from the Comedies of Marivaux.

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MARTON, comme chagrine.

Eh!  Monsieur, faut-il tant de bien pour etre heureux?  Madame, qui a de la bonte pour moi, suppleera en partie, par sa generosite, a ce qu’il me sacrifie.  Que je vous ai d’obligation, Dorante!

DORANTE.

Oh! non, Mademoiselle, aucune; vous n’avez point de gre a me savoir[82] de ce que je fais; je me livre a mes sentiments, et ne regarde que moi la-dedans; vous ne me devez rien, je ne pense pas a votre reconnoissance.

MARTON.

Vous me charmez:  que de delicatesse!  Il n’y a encore rien de si tendre que ce que vous me dites.

M. REMY.

Par ma foi, je ne m’y connois donc guere, car je le trouve bien plat. (A Marton.) Adieu, la belle enfant; je ne vous aurois, ma foi, pas evaluee ce qu’il vous achete.  Serviteur, idiot; garde ta tendresse, et moi ma succession. (Il sort.)

MARTON.

Il est en colere, mais nous l’apaiserons.

DORANTE.

Je l’espere.  Quelqu’un vient.

MARTON.

C’est le Comte, celui dont je vous ai parle, et qui doit epouser Madame.

DORANTE.

Je vous laisse donc; il pourroit me parler de son proces:  vous savez ce que je vous ai dit la-dessus, et il est inutile que je le voie.

SCENE IV.

LE COMTE, MARTON.

LE COMTE.

Bonjour, Marton.

MARTON.

Vous voila donc revenu, Monsieur?

LE COMTE.

Oui.  On m’a dit qu’Araminte se promenoit dans le jardin, et je viens d’apprendre de sa mere une chose qui me chagrine:  je lui avois retenu un intendant, qui devoit aujourd’hui entrer chez elle, et cependant elle en a pris un autre qui ne plait point a la mere, et dont nous n’avons rien a esperer.

MARTON.

Nous n’en devons rien craindre non plus, Monsieur.  Allez, ne vous inquietez point, c’est un galant homme; et, si la mere n’en est pas contente, c’est un peu de sa faute:  elle a debute tantot par le brusquer d’une maniere si outree, l’a traite si mal, qu’il n’est pas etonnant qu’elle ne l’ait point gagne.  Imaginez-vous qu’elle l’a querelle de ce qu’il etoit bien fait.

LE COMTE.

Ne seroit-ce point lui que je viens de voir sortir d’avec[83] vous?

MARTON.

Lui-meme.

LE COMTE.

Il a bonne mine, en effet, et n’a pas trop l’air de ce qu’il est.

MARTON.

Pardonnez-moi, Monsieur:  car il est honnete homme.

LE COMTE.

N’y auroit-il pas moyen de raccommoder cela?  Araminte ne me hait pas, je pense, mais elle est lente a se determiner, et, pour achever de la resoudre, il ne s’agiroit plus que de lui dire que le sujet de notre discussion est douteux pour elle.  Elle ne voudra pas soutenir l’embarras d’un proces.  Parlons a cet intendant; s’il ne faut que de l’argent pour le mettre dans nos interets, je ne l’epargnerai pas.

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