MONTRICHARD, parlant en dehors a un dragon. Continuez vos recherches; mais suivez surtout le domestique qui etait avec moi.
LEONIE, bas a la comtesse. Entendez-vous?
Il soupconne monsieur
Henri.
LA COMTESSE, avec trouble. C’est vrai!... (Se remettant.) Allons, du sang-froid.
MONTRICHARD, s’approchant de la comtesse
et de Leonie et les saluant.
Mesdames ...
LA COMTESSE. Ah! c’est vous, baron? vous venez vous reposer aupres de nous de vos fatigues; vous devez en avoir besoin.... Leonie ... un fauteuil a monsieur le baron.
MONTRICHARD, prenant lui-meme un siege. Ne prenez pas cette peine, mademoiselle.
LA COMTESSE, gaiement. Eh bien! ou en etes-vous de vos recherches? Avez-vous fait deja enfoncer bien des armoires dans le chateau? avez-vous bien fouille ... interroge?... Mais a propos d’interrogatoire, comment appelez-vous cet examen de conscience que vous avez fait subir a ma niece?
MONTRICHARD. Mademoiselle ne m’a appris que ce que je savais deja, que monsieur de Flavigneul est cache ici sous un deguisement.
LA COMTESSE. Voyez-vous cela ... un deguisement de femme peut-etre.... C’est peut-etre ma niece ou moi?
MONTRICHARD. Riez, riez.... Madame la comtesse, mais vous ne me donnerez pas le change.[170] ...
LA COMTESSE. Je m’en garderais bien![171] ... Savez-vous que vous avez fait la une belle trouvaille? Ah! ca,[172] comment allez-vous faire maintenant pour decouvrir le coupable parmi les vingt-cinq ou trente personnes du chateau....
MONTRICHARD. Le cercle se resserre, madame la comtesse; et si mes soupcons ne me trompent pas, d’ici a peu de temps ...
LEONIE, bas a la comtesse. Il sait tout, ma tante!... (La comtesse lui prend la main pour la faire taire.)
MONTRICHARD, continuant. Des que j’aurai un signalement que j’attends ...
LEONIE, bas. Ciel!
MONTRICHARD.... je pourrai, j’espere, ne plus vous importuner de ma presence.
LA COMTESSE. Ne vous genez pas, baron; et si vos soupcons se trompent ... ce qui leur arrive quelquefois ... veuillez-vous installer ici sans facon, sans ceremonie, comme chez vous ...
MONTRICHARD. Moi!...
LA COMTESSE. Certainement: et pour vous laisser toute liberte dans vos recherches, je vous demanderai la permission d’aller passer quelques jours a la ville, ou des affaires m’appellent.
LEONIE, etonnee. Vous, ma tante!
LA COMTESSE. Tais-toi donc!
MONTRICHARD, a part. Ah! elle veut s’eloigner!... (Haut) Vous partez?
LA COMTESSE. Oui, vraiment; et a moins que je ne sois prisonniere dans mon propre chateau ... et que monsieur le prefet ne me permette pas d’en sortir.... (Tout le monde se leve.)
MONTRICHARD. Quelle pensee, madame!... C’est a moi d’obeir, a vous de commander!