Nul ne peut repondre d’achever ce qu’il a commence, pas une minute de continuation certaine n’est assuree a l’oeuvre ebauchee; la solution de continuite, helas! c’est tout l’homme; mais il est permis, meme au plus faible, d’avoir une bonne intention et de la dire.
Or l’intention de ce livre est bonne.
L’epanouissement du genre humain de siecle en siecle, l’homme montant des tenebres a l’ideal, la transfiguration paradisiaque de l’enfer terrestre, l’eclosion lente et supreme de la liberte, droit pour cette vie, responsabilite pour l’autre; une espece d’hymne religieux a mille strophes, ayant dans ses entrailles une foi profonde et sur son sommet une haute priere; le drame de la creation eclaire par le visage du createur, voila ce que sera, termine, ce poeme dans son ensemble; si Dieu, maitre des existences humaines, y consent.
CONTENTS
INTRODUCTION BIOGRAPHICAL SKETCH PREFACE DE LA PREMIERE SERIE
LA LEGENDE DES SIECLESLA CONSCIENCE
PUISSANCE EGALE BONTE
BOOZ ENDORMI
AU LION D’ANDROCLES
LE MARIAGE DE ROLAND
AYMERILLOT
BIVAR
EVIRADNUS
SULTAN MOURAD
LA CONFIANCE DU MARQUIS FABRICE
LA ROSE DE L’INFANTE
LES RAISONS DU MOMOTOMBO
LA CHANSON DES AVENTURIERS DE LA MER
APRES LA BATAILLE
LE CRAPAUD
LES PAUVRES GENS
PLEINE MER
PLEIN CIEL
LA TROMPETTE DU JUGEMENT
NOTES BIBLIOGRAPHY
LA LEGENDE DES SIECLES
LA CONSCIENCE
Lorsque avec ses enfants vetus de peaux
de betes,
Echevele, livide au milieu des tempetes,
Cain se fut enfui de devant Jehovah,
Comme le soir tombait, l’homme sombre
arriva
Au bas d’une montagne en une grande
plaine;
Sa femme fatiguee et ses fils hors d’haleine
Lui dirent:—Couchons-nous sur
la terre, et dormons.—
Cain, ne dormant pas, songeait au pied
des monts
Ayant leve la tete, au fond des cieux
funebres
Il vit un oeil, tout grand ouvert dans
les tenebres,
Et qui le regardait dans l’ombre
fixement.
—Je suis trop pres, dit-il
avec un tremblement.
Il reveilla ses fils dormant, sa femme
lasse,
Et se remit a fuir sinistre dans l’espace.
Il marcha trente jours, il marcha trente
nuits.
Il allait, muet, pale et fremissant aux
bruits,
Furtif, sans regarder derriere lui, sans
treve,
Sans repos, sans sommeil. Il atteignit
la greve
Des mers dans le pays qui fut depuis Assur.
—Arretons-nous, dit-il, car
cet asile est sur.
Restons-y. Nous avons du monde atteint
les bornes.—
Et, comme il s’asseyait, il vit
dans les cieux mornes
L’oeil a la meme place au fond de
l’horizon.
Alors il tressaillit en proie au noir
frisson.
—Cachez-moi, cria-t-il; et,