Collections and Recollections eBook

George William Erskine Russell
This eBook from the Gutenberg Project consists of approximately 420 pages of information about Collections and Recollections.

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ferocite parisienne,” et se demandait si, apres tout, ce peuple n’est pas impropre a la liberte, et s’il n’a pas besoin d’une main vigoureuse pour le contenir.  Il etait pessimiste et autoritaire:  aussi eut-il beaucoup d’adherents; et Pitt bientot se joignit a lui, au moins dans la haine des revolutionnaires.  Son humiliation fut une joie profonde pour les whigs qui suivaient Fox:  et il est interessant de voir que, pour beaucoup, la defaite de Pitt comptait plus que celle de Napoleon.  Il y avait des whigs jusque dans la famille royale, et ils etaient pleins d’ardeur.  Au reste la cause etait belle:  c’etait celle de la liberte contre l’autorite.  “Nos adversaires,” s’ecriait Lord John Russell, “nous cassent le tympan avec le cri:  ’Le roi et l’Eglise.’  Savez-vous ce qu’ils entendent par la?  C’est une Eglise sans evangile et un roi qui se met au-dessus de la loi.”  Oxford—­clerical et litteraire—­etait tory; Cambridge, scientifique, qui avait eu Newton et attendait Darwin, etait whig.  Il est bon que la politique inspire de telles passions:  car, au total, c’est la lutte entre les principes fondamentaux, et l’enjeu est de nature telle que nul n’a le droit de se desinteresser de la partie.  Car l’enjeu ce sont les hommes memes, leurs privileges et leurs droits, et s’ils se desinteressent, ils n’ont que ce qu’ils meritent le jour ou la force s’appesantit sur eux brutalement.

A n’entendre parler que de politique, les enfants memes se troublaient “Maman,” demandait la fille d’un whig eminent; “les tories naissent-ils mechants, ou bien le deviennent-ils?” “Ils naissent mechants,” repliqua la mere, “et deviennent pires....’  Une vieille fille excentrique, que l’auteur a connue, ne consentait a monter dans une voiture de louage qu’apres avoir demande au cocher s’il n’avait point transporte de malades atteints d’une maladie infectieuse, s’il n’etait pas puseyite, et enfin s’il adherait au programme whig.

“La passion aveugle,” dit Topffer:  elle aveuglait sur la moralite des procedes.  Pitt, en visite chez une femme qui occupait un rang eleve dans le monde whig, au moment d’une election, dit a son interlocutrice:  “Eh bien! vous savez, nous l’emporterons.  Dix mille guinees partiront demain par un homme de confiance pour le Yorkshire, et c’est pour notre usage qu’elles partent.”  “Du diable s’il en est ainsi,” replique la dame.  Et la nuit meme le porteur etait arrete, et son precieux fardeau allait grossir les poches des electeurs qui voterent pour le candidat whig et en assurerent la nomination.

C’est au cours de ces luttes politiques, pleines de feu et glorieuses, qui marquerent principalement le debut de ce siecle, et firent tant de bien a la nation, que les barrieres entre les castes commencerent a s’abaisser.  Jusque-la, il n’y avait point de rapports entre l’aristocratie et la classe moyenne, en dehors des cas, encore rares, ou la premiere patronnait l’aristocratie intellectuelle. (Voyez La Vie de Johnson par Boswell, par exemple.)

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